Le potager convivial
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Le potager est pour moi le Roi des sports agricoles, la discipline majeure, réunissant des avantages comme la rapidité de réponse (on y cultive principalement des végétaux à cycle court, annuelles et bisannuelles, plus rarement les vivaces ), la sollicitation de tous les sens :
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la vue bien sûr,
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l'esthétique par ses alignements, ses compositions, les couleurs des feuillages (rouges lors des cultures de betteraves, de chicorées -Trévises-, de haricots -variété Blauhilde - panachées même pour certains piments),
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l'odorat - ah, l'odeur du Basilic, celle des feuillages de tomates ... ),
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le toucher - piquant des feuillages de haricots, de la bourrache, fraîcheur de la poirée et
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le goût, le goût que j'appelle superficiel, celui qui s'exerce quand on déguste les nombreux cadeaux de ce lieu de bonheur, et le goût profond, celui de la vie, la plénitude qui nous ravit après un bon repas, celui où on a dégusté uniquement ce qui fut le fruit de notre production, de nos efforts.
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Le potager entretient également, développe notre sens intuitif, celui qui longtemps fut raillé et honni comme étant le seul apanage des animaux, des bêtes, avant qu'on commence à scientifiquement réaliser que ces autres occupants de la planète avaient aussi l'intelligence, en plus de cet avantage, et que nous avions presque perdu par négligence.
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Je me suis toujours servi du potager comme d'un outil de communication, échangeant conseils et graines à tout va. Cet été, j'ai encore accentué ce caractère en organisant pour mes connaissances des pique-niques dégustation le soir, au milieu des rangs de tomates.
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Il faut dire que j'avais mis le paquet, et planté pour l'occasion près d'une douzaine de variétés : tomates cerises rouges, jaunes, tomates poires, tomates ananas, St Pierre, tomates poivron, mamelles de chèvre, cœur de bœuf, Marmande, Roma, et même une dernière trouvaille, pourtant déjà fort vieille, la Cherokee, chaudement recommandée à juste titre.
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Nous avons pu ainsi constater les différences de goût, de qualités organoleptiques " in situ ", au moment de la cueillette, certaines étant bonnes presque vertes, quelques jours de trop et elles étaient farineuses, et d'autres ne développant leurs arômes, leurs sucres, leurs sels, qu'à totale maturité. La meilleure de toutes, pour la majorité des convives, fut sans conteste la tomate cerise, bonne presque verte, à la tonique acidité, jusqu'à maturité complète, sucres et arômes en bouquet d'artifice.
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J'ai reçu dans ce petit coin hors du temps des amis de tous milieux, de toutes classes sociales, la seule condition requise étant un esprit ouvert, et j'ai eu l'immense satisfaction de voir des êtres habitués à d'autres réceptions, dans des lieux ô combien plus prestigieux et luxueux, aux yeux emplis de bonheur, radieux comme des enfants, après ces frugaux repas.
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A présent que l'été est fini, que le chapiteau est en partie démonté, qu'il faudra attendre pour la prochaine représentation les feux de l'été prochain, je m'interroge : et si la Vérité était là, au cœur de nos potagers ?
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Je vous engage à la rechercher, à créer le vôtre, à lancer vos invitations, à influer de cette manière sur l'évolution de notre monde.
Alain ANDRIO, Jardinier, rédacteur à la Gazette des Jardins
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