Canal des Arrosants ou Béal à Ollioules (Var)
Ce vendredi 5 mai 2014, une trentaine de sociétaires de la SCAH a été accueillie à proximité de l'office du tourisme d'Ollioules (13 000 habitants), par un guide passionné, qui nous a conduit, pour une belle promenade, le long du remarquable canal des Arrosants (ou Béal).
Cette domestication de l'eau depuis au moins le XVème siècle permet l'irrigation des moulins, des terres agricoles et des jardins, aux pieds de la ville ancienne ainsi que l'alimentation des fontaines.
La longueur totale des canaux principaux est mesurée à 3592 mètres. Ils sont gérés par l’Association Syndicale Autorisée des Eaux d’Irrigation d’Ollioules (ASA) qui compte actuellement environ 150 adhérents.
Le Béal est alimenté par 3 sources permanentes émergeant à la base des monts karstiques (calcaires) qui encadrent les gorges au nord d’Ollioules ; la plus importante, la source de l’Abus, émerge à 24 °C ! Le débit des eaux est important en toute période.
A l’entrée Nord-est du village, le canal des arrosants irrigue les jardins du quartier de La Bonnefont ; il longe la petite rivière, La Reppe, et change de rive juste avant le Pont grâce à une grande resclave, qui permet aux eaux du canal et de la Reppe de se croiser sans perte.
Un peu plus bas, les eaux claires du canal alimentent le petit et le grand lavoir, construits respectivement à la fin du XIXème siècle et en 1935.
Depuis les lavoirs, belle vue sur les ruines du château féodal d’Ollioules.
Dans chacun des cinq quartiers délimités, un jour par semaine, l’eau était répartie entre les propriétaires ayant-droits selon un décompte en minutes d’arrosage (1min pour 54 m² sur un total de 9052 minutes à répartir pour un potentiel de 10 080 minutes sur la semaine), pour irriguer une cinquantaine d’hectares.
L’ouverture puis la fermeture de martelières, trappes verticales amovibles en métal, permettent d’envoyer, pendant le temps imparti, l’eau du canal principal vers les canaux adjacents qui irriguent les jardins. L’eau non utilisée revient au canal principal.
Dans les propriétés qui bordent le canal des arrosants, des bassins permettent, si nécessaire, de stocker l'eau allouée non utilisée immédiatement...
Des godets (ou Norias) en zinc (autrefois en terre cuite) installés sur une roue permettent de remplir les bassins situé au-dessus du niveau de l’eau qui circule.
L’arrosage s’effectue à la raie (ou rigole).
Notre guide nous explique, avec beaucoup d’enthousiasme et de passion, qu’au cours des siècles précédents Ollioules était le paradis de la culture de l’olivier, des figuiers, des agrumes et divers autres fruitiers ; la terre fertile des bords de la Reppe abondait de cultures maraichères de qualité (30 ha en 1953) ; elle était vouée également à la culture de la fleur depuis le XVème siècle (12,9 ha en 1953) : œillets, violettes, pensées, soucis, roses… tulipes, narcisses, iris,…. Ces fleurs coupées furent distribuées dans toute l’Europe à partir de l’arrivée du chemin de fer (1859).
Au XXème siècle et jusqu’en 1960, la culture de l’immortelle, peu consommatrice d’eau était avantageuse pour préserver l'eau destinée aux autres cultures ; le traitement des fleurs (séchage, coloration) se faisait sur place.
L’eau du canal entrainait également les meules de 7 moulins répartis sur le trajet du canal (production de farine et d’huile d’olive).
Dans la partie terminale du canal, la resclave de Rebuffel, remarquablement bien conservée, permet de le diviser en deux branches : 4/5 de l’eau du Béal passe ainsi de la rive droite où elle alimentait le moulin précédent, à la rive gauche ; elle y irrigue les jardins et un peu plus bas le moulin de Palisson.
Cheminement le long du canal des arrosants en direction du moulin de Palisson.
Le moulin à blé de Palisson (XVème siècle), en cours de réhabilitation, est devenu un musée : il abrite une belle collection d’outils traditionnels de meunerie et de récolte du blé (provenant à l'époque pour l’essentiel de cultures situées dans le centre Var et en Provence). Son responsable nous accueille et répond avec passion à toutes nos questions sur les outils présentés et les techniques utilisés par les anciens…
Tarare ou venterelle assurant la ventilation des grains.
Brouette à sacs
Explications
Copie de la roue à cuillère réalisée par les apprentis du lycée Langevin...
Meules à écraser le blé du moulin.
Tribulum : instrument de dépiquage constitué d'une planche garnie de silex et tirée par un animal. Le dépiquage permet la séparation des grains de la paille.
Collection de faucilles.
Balance romaine.
Entrée basse du moulin.
A savoir aussi : les roseaux sauvages de Provence (Ollioules et département du Var) ont permis la création à Ollioules en 1957 d'une industrie artisanale de anches de fabrication française pour les instruments à vent ; réputées pour leur qualité, les anches M.A.R.C.A sont distribuées dans 50 pays.
Le nougat artisanal Jonquier (miel + amandes), aux secrets de fabrication bien protégés, régale le palais des connaisseurs et des visiteurs d'Ollioules depuis 1885.
Josyane SCABELLO - Claude GIAUFFRET
Réseaux sociaux