Visite du jardin botanique d'Eze, lundi 20 janvier 2020
Nous étions une petite dizaine à braver un froid devenu, enfin, hivernal sous la conduite très sympathique de Stéphane Cassus, chef jardinier d'Eze. Lorsque nous estimions qu'avec 4 jardiniers, le jardin d'Eze était très bien entretenu..., c'est en fait 4 jardiniers pour la commune d'Eze, des rivages au fort de la Rovère, avec aussi le jardin botanique ! Ce qui n'empêche pas le jardin de s'autofinancer par les entrées payantes (plus de 250000 en 2019, en constante augmentation). La plupart d'entre nous étant déjà venus précédemment, nous avons pu apprécier la qualité des travaux d'amélioration qui font de ce jardin un vrai bijou serti dans un site exceptionnel, écrin magnifique offrant un panorama unique. Ce jardin est aujourd'hui systématiquement proposé comme but d'excursion aux croisièristes faisant escale à Villefranche sur Mer et à Nice.
Mais au fait, quelle idée de venir braver la froidure avec des plantes rarement fleuries à cette époque, à part des Aloe ? Nous étions là pour avoir des réponses à la question « comment gérer un jardin de succulentes en extérieur en hiver ? » Situé à plus de 400 m d'altitude, le jardin d'Eze peut subir parfois en hiver des gelées, de la neige, mais très souvent de grandes variations de températures et des pluies y compris en hiver. Comment faire pour que les succulentes en extérieur et en pleine terre ne soient pas abimées ?
Stéphane Cassus nous a donné plusieurs pistes aussi essentielles les unes que les autres :
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choix des espèces : privilégier les cactées de montagne (Bolivie, Pérou, ...) qui sont résistantes à des températures très froides, bien sûr en ayant les pieds assez au sec. Même chose pour les Agaves, un peu plus sensibles au froid cependant. Inversement, les succulentes de l'Afrique du Sud (Aloe, Euphorbia) sont à limiter voire à proscrire pour l'extérieur. Un certain nombre d'Aloe résistent à un froid vif mais n'aiment pas la neige. L'Aloe vera que l'on a envie de mettre dans une rocaille gèle à 0°C. Lithops, Conophytum et autres « plantes cailloux » du désert de Namibie presque au niveau de la mer ne résisteraient pas à l'extérieur chez nous.
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qualité du substrat et drainage : il est essentiel ! Le mélange utilisé à Eze et 1/3 de sable un peu fin, 1/3 de terreau, 1/3 de pouzzolane volcanique. C'est donc un substrat extrêmement drainant, sur des pentes fortes. Car le risque par chez nous, où froideur hivernale se conjugue souvent avec quelques précipitations, est d'avoir des tissus trop gorgés d'eau provoquant de la pourriture. Évidemment, cette remarque est valable aussi pour des plantes en pot.
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prévisions météorologiques et protection : ne pas couvrir trop tôt ! A Eze, ils commençaient juste à couvrir les Aloe les plus sensibles (Aloe matlothii sur les photos) ! Ils regardent les prévisions à une semaine et, en dehors de risques de froid dur (moins de 0°C et/ou neige), ils ne protègent pas. Pour protéger ils utilisent du voile d'hivernage, 30 g au m², en double épaisseur, bien ficelé autour de la plante (le jardin d'Eze est soumis à des vents parfois forts). Jamais de plastique, la condensation en dessous serait pire que rien : le gel transformerait la buée en glace et brulerait les succulentes. Le paillage sur des petits sujets est possible mais la lumière étant cachée, cela peut sensibiliser les tissus de la plante quand on enlève la paille en provoquant un vrai coup de soleil.
Vers 11 h, nous sommes repartis bien gelés mais très satisfaits de cette visite bien commentée. Nous reviendrons sans doute au jardin d'Eze mais alors pour voir des cactées en fleurs c'est à dire en Avril-Mai l'an prochain peut-être.
Joël Besnard
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