A La Croix des Gardes,
sur les hauteurs de Cannes, le 22 février 2009
Aujourd'hui, Marc BOTTIN, notre guide-conférencier préféré, nous entraîne sur les chemins et les sentiers de terre (mais aussi de béton hélas) avec des côtes et des descentes qui tracent un parcours malgré tout assez agréable sur la colline. Nous admirons un panorama à 360° sur l'Estérel, Tanneron, le Chéron, le Mercantour, les îles de Lérins….
A partir de l’an Mille, Cannes se met en état de défense devant les envahisseurs. La colline de la Croix-des-Gardes, colline la plus élevée de Cannes, est un excellent observatoire pour déjouer l’effet de surprise, puis de tour en tour, de colline en colline, l’alerte était donnée.
Le parc est un important domaine forestier inconstructible, au Nord-ouest du centre-ville, cédé au Conservatoire du Littoral en 2 000. Dans ce Parc naturel, il est interdit de fumer, de laisser des déchets, de circuler avec des véhicules. La cueillette est également interdite, sauf une tolérance pour le mimosa, à raison d'un bouquet par personne.
L’équilibre de la flore fait l’objet d’attentions spécifiques : limiter l’extension du mimosa, espèce « invasive », au profit des essences locales comme le pin, le chêne ou l’arbousier, et sauvegarder d’autres plantes : chêne-liège, chênes vert, eucalyptus, pins d'Alep, pins maritimes hélas menacés par une cochenille, et même deux oliviers. On peut aussi découvrir aussi un Casuarina ou Filao exotique.
Sur ce domaine, il reste très peu d’animaux, chassés par la présence de l'homme. Les tortues ont disparu mais il subsiste encore une famille de renards, des faucons, des buses, des mésanges et des lapins.
En 1864, le premier mimosa importé d’Australie en France est planté à La Bocca. C’est à la Croix-des-Gardes que débutera son exploitation, les mimosistes se multiplieront ensuite dans la région, à Mandelieu, Pégomas, Tanneron ou La Roquette.
Nous débutons par découvrir, sur ce terrain siliceux, un « Mimosa épineux» à fleurs jaunes (Acacia farnesiana), originaire d’Amérique tropicale.
C'est un Acacia à inflorescences globuleuses jaunes et fortement parfumées.
Puis nous observons l’acacia le plus répandu sur cette colline : le Mimosa des fleuristes (Acacia dealbata).
L'arbre d'Australie est introduit en Europe à la suite des voyages du capitaine Cook. Il est planté au XIXe siècle sur la Côte d'Azur qui offre un climat favorable à son développement grâce à son ensoleillement et à la rareté des gelées. Echappée des cultures, il est revenu à l'état sauvage sur les côtes méditerranéennes et atlantiques. Ses rameaux sans épines, duveteux, portent des feuilles composées, divisées en folioles. Il se reproduit par entomogamie (reproduction nécessitant la participation d’un insecte). Il peut aussi se reproduire de façon asexuée en produisant des rejets à partir de sa souche vivace.
Sa floraison survient de janvier à mars, sous forme de petits pompons jaunes et soyeux, disposés en grappes ramifiées. Les fruits sont des gousses articulées, plates et brunes à maturité.
Puis nous croisons le Souci sauvage des champs (calendula arvensis), plante adventice poilue, dressée, à rameaux étalés, pubescente, très fréquente dans le Sud-Est, sur les chemins, talus, vignes et champs labourés.
Sa taille varie de 10 à 30 cm qui fleurit de juin à septembre. Ses fruits sont de trois formes différentes selon leur position dans le capitule les externes sont munis de crochets, les médians de larges ailes, et les centraux sont très étroits.
Ah, le mot « souci » ? Il vient du latin « solsequia ». Il signifie « qui suit le soleil. » Tiens donc ! Quoi qu’il en soit, notre plante semble bénéficier des conditions climatiques que nous avons connues à la fin de l’hiver : eau suffisante, température favorable. Calendula arvensis appartient à la famille des Astéracées c'est-à-dire des Composées. Que dire de plus ? Que Calendula arvensis a des tas de vertus médicinales. Comme le sirop Typhon, c’est quasiment une panacée ! Il serait fastidieux d’énumérer tout ce qu’il guérit, ce serait pratiquement plus simple de résumer ce qu’il ne guérit pas ! Retenons que Calendula arvensis combat les états dépressifs et nerveux. Ajoutons que sa fleur est un aromate, utilisée en cuisine en Allemagne et en Angleterre pour agrémenter les potages, ses bourgeons se mangent confits dans du vinaigre. Evidemment question cuisine, les Anglais…. Mais peut-être que nous aussi on va se mettre carrément à brouter le souci des champs. Diantre les temps sont durs !.
Puis, nous observons l’Asperge ou Elide à feuilles de myrte (Elide asparagoides), plante de l'Afrique australe, cultivée à l’origine comme plante ornementale.
Les graines se propagent facilement dans les fientes d'oiseaux, des lapins et des renards, ainsi par l'extension de son système racinaire.
Ensuite nous remarquons un grand nombre d’Oxalis pied de chèvre (oxalis pes-caprae).
C’est une vivace à bulbes, sud-africaine naturalisée sur le littoral méditerranéen. Sa hauteur varie de 5 à 15 cm. Elle se reconnaît à ses grandes fleurs jaunes disposées en ombelles et ses feuilles à trois folioles. Ses feuilles sont toutes disposées en rosette dense, longuement pétiolées, à 3 folioles en forme de coeur. La plante, échappée des jardins, est devenue une fleur sauvage poussant au bord des chemins.
A l’abri d’un Cèdre de l'Atlas (Cedrus atlantica),
arbre conifère, majestueux et imposant, de la famille des Pinaceae, de 25 à 50 m de haut, dépassant facilement 40 m de hauteur, originaire d'Afrique du Nord.
Avec un port très étalé à l'horizontale et une cime aiguë dans son jeune âge, il prend une forme tabulaire caractéristique à partir de 30 ans. Ses aiguilles sont persistantes, courtes (2 à 4 cm) et un peu piquantes. Elles sont réunies en rosettes sur des rameaux courts. Les cônes femelles, ovoïdes oblongs, de 6 à 11 cm de long sur 4 à 6 cm de diamètre, sont dressés et les graines triangulaires sont ailées.
Ils peuvent vivre plus de 2 000 ans (le cèdre de Gouraud a 800 ans, du moyen Atlas qui est une attraction touristique au Maroc, par l'aspect bizarre de son port (comme le général Gouraud, qui avait perdu son bras droit, le cèdre Gouraud n'a qu'une grosse branche latérale !)
La Sélaginelle denticulée (Selaginella denticulata), plante à tige grêle, rampante et très ramifiée, commune en des lieux ombragés se trouve aussi dans les Maures et l'Esterel.
La tige porte deux types de feuilles, les plus grandes sont étalées, terminées par une petite pointe et bordées de très petites dents (bonne loupe !). Les feuilles sporangifères, peu différenciées, forment de petits épis peu distincts des rameaux stériles. C'est une plante rampante à la racine rougeâtre. Elle préfère les terrains siliceux de basse altitude. Elle se trouve dans quelques rares sites de la région méditerranéenne, toujours dans des zones ombragées et humides.
Toujours sur les chemins du Parc mais au-delà des clôtures, nous admirons
quelques Yucca elephantipes, arbustes de la famille des yuccas, caractérisés par leur tronc en forme de patte d'éléphant, formant de grandes feuilles verte coriaces disposées en rosette.Chemin faisant nous observons le Maceron, plante herbacée bisannuelle de la famille des Apiacées ou ex Ombellifères.
Le maceron figure parmi les plantes potagères recommandées dans le capitulaire De Villis du Moyen-Age. C’est une grande plante herbacée bisannuelle à tige vigoureuse, creuse à l'intérieur, cannelée longitudinalement, qui peut atteindre 1 à 5 m de haut avec une racine pivotante principale épaisse à tige florifère robuste, creuse, sillonnée en long et ramifiée. Les feuilles divisées en folioles larges et crénelées sont vert clair. Les fleurs, vert jaunâtre, sont disposées en ombelles et les fruits murs sont noirs. C'est une plante aromatique qui possède à la fois l'odeur et la saveur de la myrrhe. Son aire est méditerranéenne et atlantique.
Les feuilles, au goût un peu plus relevé que le céleri, servent à aromatiser les soupes et les plats de viandes. Les jeunes fruits et les boutons floraux, confits dans le vinaigre, peuvent servir à parfumer certains plats, potages et salades notamment. Les racines sont également comestibles. C'était un légume très apprécié assez répandu autrefois, mais qui a été oublié. Il a été remplacé par le céleri. On utilisait ses racines charnues crues ou cuites, ainsi que les jeunes pousses, les pétioles et les feuilles, comme le céleri et les jeunes inflorescences. Sa saveur aromatique sucrée est très agréable, encore plus après la cuisson. Les jeunes tiges tendres et juteuses, peuvent être coupées en rondelles et additionnées aux salades ou confites dans du sucre comme l'angélique. Les fruits sont des condiments intéressants.
Nous nous approchons d’un Gommier cendré (Eucalyptus cinerea).
C’est un arbre persistant de taille modeste (environ 10 mètres, originaire du sud-est de l'Australie). Son écorce de couleur rougeâtre et grise, est rugueuse est persistante sur le tronc et les grosses branches. Le feuillage reste très bleu avec des jeunes feuilles ovales et opposées alors que les feuilles adultes sont pétiolées, lancéolées.
Les fleurs blanches apparaissent du milieu du printemps au début de l'été, sont très mellifère et donnent un miel réputé en Australie.
L’Eucalyptus à bois de fer (Eucalyptus sideroxylon), est une espèce d'arbre australien de la famille des Myrtaceae, petit à moyen ou forme à l'occasion de grands arbres.
Les feuilles adultes sont pétiolées, lancéolées mesurant 14 cm de long sur 1,8 cm de large, d'un gris ou vert terne; les fleurs sont de couleur blanche, rose, rouge ou jaune pâle et apparaissent du début de l'automne jusqu'au milieu du printemps. Les feuilles sont utilisées dans la production de cinéole (composé naturel organique incolore, éther cyclique et un monoterpène), d'essence d'eucalyptus. Le bois est relativement dur et dense. À environ 1 130 kg / m3. IL est l'un des rares pièces de bois qui ne flottent pas.
Aujourd’hui, nous constatons que la Croix des Gardes est rognée, déboisée, balafrée par des autoroutes piétonnières. Cela lui enlève son caractère naturel originel. A quand les palmiers, les projecteurs et les caméras vidéo ?
Près de la Croix, un dernier regard avec une vue panoramique de la baie de Cannes où l’on est irrésistiblement attiré par ces îles vertes au milieu de la grande bleue, Sainte-Marguerite et Saint-Honorat, autres perles cannoises.
Paul JAQUILLARD
avec la bienveillance de MARC BOTTIN, biologiste botaniste, conférencier et enseignant
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